Rencontre avec RDAA Architecture : Cyril Roschewski et Lucile Barrière

Le 14 décembre 2022

Spécialistes de la conception de logements intégrés dans leur environnement, Cyril Roschewski et Lucile Barrière nous expliquent les spécificités du projet de la rue Philippe Triaire à Nanterre. Une occasion d’aborder le lien entre les communes et les acteurs de l’aménagement du territoire.

Pouvez-vous en quelques mots nous décrire le projet de la rue Philippe Triaire à Nanterre ?

Nous sommes sur une opération de 14 logements, dont 13 appartements avec un espace extérieur (le seul appartement sans espace extérieur dispose d’une triple exposition), un jardin collectif à l’arrière et un parking enterré.

Le bâtiment est constitué d’un système constructif mixte, de planchers en béton et d’une façade avec des murs à ossature bois. Donc un bâtiment avec un bilan carbone assez bas, des nuisances liées à la construction réduites grâce à la mise en place d’une filière sèche et des délais de réalisation courts grâce à la préfabrication.

Quelle est sa spécificité?

Un projet comme celui de Nanterre, nécessite la prise en compte d’un millefeuille d’exigences et de réglementations. D’abord les exigences contenues dans le cahier des charges initial de manière programmatique. Nous avons également tenu compte de la charte promoteur éditée par la Ville qui favorise une plus grande qualité d’usage comme les logements traversants ou les espaces extérieurs.

Nous avons optimisé les parties communes qui sont réduites pour gagner un maximum de surface habitable. Nous avons travaillé également sur la compacité des logements en favorisant des logements parfois plus petits que ce qu’exigeait la charte, avec par exemple des T3 traversants de 57 m² très bien conçus et très agréables à vivre. Nous travaillons beaucoup sur la trame et la structure de nos cellules avec des poteaux poutres qui nous permettent d’anticiper une évolution des usages à terme. De la même façon, le fait d’imaginer des façades libres non porteuses permet de changer facilement la destination d’un bâtiment.

Quelle est la signature de votre cabinet d’architecture ?

Je dirais en premier lieu le fait de contextualiser systématiquement nos projets afin qu’ils s’insèrent le mieux possible dans leur environnement proche comme s’ils avaient toujours été présents. Ensuite, l’anticipation des usages et l’optimisation permanente du projet, qu’il s’agisse d’exposition ou de modularité, de flexibilité ou de réversibilité des espaces. Nous aimons depuis longtemps donner du sens à nos projets, quelles que soient leurs tailles, allant d’un simple commerce de 50 m² jusqu’à des projets de plus de 200 logements. Nous favorisons par exemple depuis longtemps les surfaces vitrées généreuses. Nous ne dessinons jamais un projet au rabais, quelle que soit sa destination.

Vous arrivez facilement à partager votre vision ?

Depuis plusieurs années, les usages ont évolué. Les promoteurs ont compris qu’ils devaient aller vers plus de qualité. Une évolution boostée par la crise sanitaire qui a mis en évidence des attentes nouvelles en matière de mode de vie. À cela vient se rajouter le rôle extrêmement important des Communes qui imposent une qualité minimale à respecter pour les projets de logements (logements avec plusieurs orientations, surfaces minimales,…). Cela répond à des besoins et des enjeux territoriaux identifiés. Plus de petites surfaces sur tel territoire, des plus grandes ailleurs en fonction des demandes de la population.

Des cahiers des charges qui nous donnent beaucoup plus, à nous architectes, de latitude, de légitimité et par conséquent de plaisir à concevoir un projet en poussant le curseur le plus loin possible en fonction des chartes existantes. C’est un plaisir pour nous de travailler sur des cellules de logement plus ambitieuses.