Le territoire de l’Est parisien et ses problématiques d’aménagement – Christophe Mauge, Directeur du développement de l’EpaMarne

Comment l’EpaMarne renforce-t-elle l’offre de logement en accession sociale sur son territoire ?

L’EpaMarne est un gros pourvoyeur de logements en Île-de-France, avec une contribution à la production de près de 2 300 logements chaque année. Nous développons tous les produits de la chaîne de valeur du résidentiel, du logement social jusqu’au logement en accession, en passant par toutes les briques de la production résidentielle. Un quart de ces logements sont développés sous forme de logement social classique.
Le BRS est un sujet qui nous tient à cœur car il nous permet d’offrir un logement sur un territoire spécifique à une partie de la population qui ne pourrait pas se le permettre autrement. Par exemple, dans l’opération de Bussy-Saint-Georges sur la ZAC du Sycomore développée par Coopimmo, un T2 de 42m² dont le loyer moyen est de 760 €, adossé à une redevance mensuelle d’un peu plus de 1,40 €/mois, reste accessible à un couple qui gagne 1,9 Smic par mois.

Le BRS fait donc clairement partie intégrante du parcours résidentiel et nous nous attachons à le développer sur l’ensemble du périmètre d’intervention des Epa.

Quels sont les enjeux majeurs, inhérents à votre territoire ?

 L’EpaMarne intervient sur un territoire qui fait 3 fois la taille de Paris et regroupe 600 000 habitants, avec 6 aires de marchés différents sur le périmètre. Par exemple, sur le Val-de-Marne, les prix du marché sont supérieurs à 6 000 € par m². Sur le secteur Paris Vallée de la Marne, nous sommes plutôt aux alentours de 4 200 € – 4 500 € par m². Nous avons le secteur de Marne et Gondoire, et principalement la commune de Bussy-Saint-Georges, qui par ailleurs est un enjeu de développement conséquent pour nous, puisque nous développons plus de 500 logements par an sur cette commune. Le prix du m² est plutôt situé entre 4 600 et 4 700 €. Puis finalement le secteur Val d’Europe, où les prix sont autour de 5 000 € par m². Notre enjeu majeur est alors de créer du logement afin de permettre à un maximum de personnes d’accéder à la propriété.

Un de nos avantages est que nous possédons un stock foncier assez important qui s’est créé au fil du temps, grâce aux donations lors de la création de l’établissement par exemple, ou encore grâce aux nouveaux achats auprès notamment des agriculteurs. Ce foncier peut également être récupéré lors des expropriations en cas de Déclaration d’Utilité Publique, dans le cadre de la création de nouvelles zones d’activité et des nouvelles zone résidentielles. Tout ce foncier nous permet à ce jour de proposer une grande offre en matière de logement.

Vos partenaires sur vos projets d’aménagement sont nombreux (collectivités territoriales, promoteurs, coopératives…). Comment co-construit-on un projet de territoire ?

Aujourd’hui, nous travaillons sous le contrôle de 5 ministères, dont celui du logement. Il est donc nécessaire de travailler avec toutes les parties prenantes du projet, afin d’arriver au bout de nos objectifs.
Par exemple, lorsque nous souhaitons lancer une consultation pour un promoteur afin de développer un projet résidentiel, il est très important de communiquer en amont avec les élus de la commune en question, sur tous les aspects du projet.

Quel rôle joue l’EpaMarne dans l’acquisition et la viabilisation des terrains ? En quoi ce rôle permet-il de favoriser la mise en place des opérations de BRS ?

L’EpaMarne est propriétaire de ses fonciers. Notre foncier est soit obtenu par dotation, comme lors de la création de l’établissement il y a 50 ans, soit acheté à l’amiable auprès notamment des agriculteurs. Nous allons également chercher du foncier par voie d’expropriation lorsque c’est nécessaire, dans le cadre de Déclarations d’Utilité Publique lors de création de nouvelles zones d’activité et de nouvelles zones résidentielles.

L’objectifs est de toujours avoir un portefeuille foncier assez important afin de nous permettre de développer des logements et des projets économiques. Ce foncier est ensuite viabilisé par notre direction technique, en lien avec les directions opérationnelles, puis commercialisé dans un second temps. À ce jour, notre portefeuille nous offre une visibilité sur les 15 années à venir.

Comment intégrez-vous la problématique environnementale à vos projets de construction ?

 La question environnementale fait partie intégrante de notre ADN, et cela depuis 2015, où nous avons initié la construction bois dans notre développement. Nous sommes très orientés sur la construction décarbonée, qui fait partie des sujets qui nous animent au quotidien.
L’objectif initial mis en place avec Nicolas Ferrand, ancien DG, était de développer 30 % des logements en construction en bois. Aujourd’hui, la part est de presque 80 % de constructions décarbonées. Depuis 2015, nous avons engagé 7 500 logements en construction décarbonée au sens large, dont 95 % en bois. Les 5 % restants sont consacrés à des opérations un peu plus atypiques, comme par exemple de la terre crue, des blocs de bois, du béton de chanvre, du miscanthus…
Nos cahiers des charges sont en ce sens de plus en plus exigeants. Ils intègrent par exemple les produits biosourcés de niveau 2 et 3.

Le développement du BRS sur le territoire de l’Est parisien – Cécile Hagmann, Directrice Générale de La Coop Foncière

En juin 2022, La Coop Foncière avait engagé 1 000 projets de logements en BRS. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Nous avons engagé plus de 600 logements en 2022, nous amenant à un engagement global de 1 280 logements qui s’inscrivent dans environ 55 projets/opérations différentes. À ce jour, La Coop Foncière a engagé 1 456 logements en BRS sur un total de 63 opérations, et cela sur l’intégralité du territoire francilien. Notre progression se poursuit malgré le contexte actuel.

Quel rapport La Coop Foncière entretient-elle avec ce territoire de l’Est parisien ?

L‘Est parisien est un territoire important pour nous.

C’est d’abord un grand territoire d’aménagement, dans le cadre de la Ville nouvelle de Marne-la-Vallée portée par l’EpaMarne mais aussi du territoire plus à l’est, aménagé par Disney, qui porte donc un fort potentiel de développement.

C’est un territoire bien desservi par les axes de transport, notamment par le RER A et certaines lignes de Transilien qui ramènent vers le cœur de Paris et qui sera bientôt relié à sa lisière ouest au Grand Paris Express.

C’est enfin un territoire qui accueille un pôle d’emploi important ou qui est très bien relié aux grands pôles d’emploi franciliens notamment Paris et La Défense.

Pour toutes ces raisons, l’Est parisien est un territoire sur lequel construire des logements a du sens. Encore plus en accession sociale à la propriété pour permettre à des ménages à revenus modérés de bien se loger, tout en étant à une distance raisonnable des grands centres d’emploi. La Coop Foncière y a déjà engagé 6 opérations représentant près de 200 logements, c’est donc un territoire stratégique pour notre OFS et nos opérateurs.

Quel est l’intérêt stratégique du territoire de Bussy-Saint-Georges en matière de développement de l’accession sociale à la propriété ?

D‘abord, il faut souligner que nous répondons à une demande des élus locaux qui souhaitent proposer une offre de logement abordable et créer un parc de logement qui échappe aux logiques spéculatives.

Nous sommes d’autant plus attentifs à cette demande de la Ville et de l’EpaMarne qu’elle répond aux grands attendus de notre OFS. Nous souhaitons que nos logements soient accessibles par les grands axes de transports en commun, permettant ainsi d’éviter de saturer les axes de transports routiers. C’est un enjeu de transition énergétique et de développement durable qui est au cœur de nos préoccupations d’entreprise sociale et solidaire. Par ailleurs, nous nous adressons à des publics qui ont des ressources contenues et pour lesquels les charges de déplacement peuvent représenter une difficulté. En s’inscrivant dans les politiques d’aménagement public, La Coop Foncière souhaite s’engager dans ces questions de transition, éviter l’étalement urbain et la saturation des transports des axes routiers.

Nous sommes également attentifs à la proximité avec les zones d’emploi. Nous proposons des logements qui sont accessibles économiquement aux ménages qui travaillent à proximité et contribuons au rapprochement domicile-travail, qui est un des leviers d’attractivité des emplois en Île-de-France.

Nous sommes donc logiquement très heureux de travailler avec EpaMarne, l’aménageur public du territoire, qui souhaite développer le Bail Réel Solidaire dans ses opérations. Nous avons un enjeu stratégique d’accompagnement de cet opérateur dans la mise en œuvre de de sa politique d’aménagement, en lui apportant notre expertise spécifique sur le BRS.

 

 

Zoom sur le projet de la ZAC Sycomore, à Bussy-Saint-Georges

Située entre la place du Sycomore et la place du marché, dans le prolongement du Parc du Génitoy, la ZAC du Sycomore est un jalon essentiel de l’émergence du nouveau centre de Bussy. COOPIMMO est chargée de réaliser 30 logements au cœur de cet espace : 27 logements collectifs et 3 maisons individuelles seront bâtis.

L’intégration paysagère des bâtiments est une réflexion centrale dans la proposition architecturale du projet. Trame verte et trame bleue sont les axes paysagers qui ont orienté la configuration des espaces. Concernant l’élément « eau », un miroir d’eau ceinturera le château du Génitoy, alors que des noues linéaires et deux bassins de rétention et d’infiltration d’eau seront construits avec le projet. Une gestion aérienne des eaux pluviales est également prévue. La trame verte, elle, prend appui sur la présence végétale déjà importante sur le site, qui sera préservée et renforcée, à l’aide notamment de clôtures végétalisées et d’une sente plantée. Élaborée à partir de béton désactivé, cette dernière prendra la forme d’un axe piéton Nord/Sud permettant de traverser l’îlot, maintenant une continuité visuelle entre parc et habitations, tout en assurant la perméabilité des sols.

Cette omniprésence d’une trame bleue alimente la constitution de la trame verte puisqu’elle permet de constituer une végétation diversifiée, source d’ombre, de fraicheur et de couleur. Cette végétation sera pensée afin de supporter une alternance de périodes sèches et de submersions totales et d’accueillir la biodiversité la plus large possible, animale comme végétale.

Visuellement, le projet urbain et paysager a pour ambition de créer des porosités et continuités douces entre le parc et le quartier. Aux alentours du parc, les bâtiments se déploieront ainsi par étagement progressif, du rez-de-chaussée au R+3, proposant une variété d’habitat : maisons individuelles, logements intermédiaires groupés et petits collectifs. Chaque logement bénéficie d’une double, voire d’une triple orientation, afin de maximiser la qualité d’habiter. L’espace de vie du logement est ouvert à l’Ouest sur son jardin privatif ou sa terrasse et permet d’accueillir la lumière au sein du logement pendant la journée, tandis que les chambres sont orientées à l’Est, pour accompagner le réveil du résident.

Les jardins privés et collectifs s’imbriqueront subtilement, séparés par des haies bocagères qui assureront l’intimité des habitants et la continuité végétale. La limitation des co-visibilités est ainsi cultivée au maximum, tout en garantissant l’intégration des bâtiments dans le paysage naturel de la ZAC.

Crédit photo : Guillaume Ramilien Architecture

Index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes : des résultats toujours plus performants pour le groupe IDF Habitat !

Pour rappel, ce score était de 82/100 en 2020, cette forte progression marquant ainsi notre engagement et notre détermination ! 🔥

Cet index est calculé à partir de 4 indicateurs :

– l’écart de rémunération moyen entre les femmes et les hommes (37/40 pts) ;

– l’écart de répartition des augmentations individuelles entre les femmes et les hommes (35/35 pts) ;

– le nombre de salariées augmentées à leur retour de congé maternité (15/15 pts) ;

– la parité parmi les dix plus hautes rémunérations (10/10 pts).

Cette déclaration a été transmise le 15 février dernier auprès de l’Inspection du travail et de la Direction Interdépartementale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (Drieets). Les indicateurs seront présentés en détail lors du prochain CSE d’IDF Habitat.

Le groupe IDF Habitat maintient son implication en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes tout au long de leur vie professionnelle, réaffirme son engagement au respect du principe de non-discrimination et dénonce toute disparité salariale.

Zoom sur le projet de la rue de la Gare à Ivry-sur-Seine

Situé sur la ZAC Confluences à Ivry-sur-Seine, ce projet en habitat participatif a été conçu par le cabinet ArchiEthic et repris en phase d’exécution par Léa Duvergé Architecte. Le bâtiment unique se répartit en deux volumes attenants : un volume R+7 (côté rue de la Gare) et un volume R+2 (en cœur d’îlot). L’idée est de proposer une perméabilité visuelle de la rue vers le fond de la parcelle.

Le haut volume accueille 12 logements, tandis que le volume bas comprend les locaux communs (déchets, vélos, poussettes, encombrants) et 4 logements. L’opération compte donc 16 logements au total, allant du T2 au T5. Un jardin commun situé en fond de cour sera accessible depuis une ruelle privative, débouchant sur un local annexe de moins de 50 m2.

Les façades principales du R+0 au R+7, ainsi que les pignons, seront réalisés entièrement en béton de teinte naturelle. Une bavette métallique grise continue, habillera les reprises horizontales du bâtiment. Un bardage bois vertical sera posé sur les façades du volume R+2 et sur le plafond de son porche. Une nouvelle bavette grise continue recoupera ce bardage et la lame d’air à tous les niveaux.

Proche de groupes scolaires s’étendant de la crèche au collège (le lycée le plus proche est situé quant à lui à 15 minutes), cette résidence jouit également d’une proximité avec le parc des Cormailles. Sa présence au sein de la ZAC Confluences lui confère un accès prochain à des infrastructures publiques de sport, d’éducation (université) et de commerce à venir. Elle bénéficie d’un accès direct au RER C, situé à 2 minutes à pied, ainsi que d’un accès au métro 7, à 11 minutes à pied.

10 logements de la résidence ont déjà été commercialisés en PSLA et 6 logements sont en cours de commercialisation en VEFA. Les travaux, démarrés fin 2022, aboutiront à une livraison finale du projet au 3e trimestre 2024.

 

Financer son logement avec le PSLA – Méliza Morvany, acquéreuse

Quels sont pour vous les principaux avantages de l’habitat participatif ?

Dans un premier temps, il y a un avantage en terme de fiscalité : déduction au niveau de la taxe foncière pendant 15 ans et TVA intéressante à 5,5%, à la place de la TVA classique dans le neuf. Le second avantage est le statut de locataire accédant, qui me permet de m’imprégner du logement pendant 24 mois avant de me prononcer sur son achat définitif. Si le nouveau cadre de résidence me convient, je peux alors lever l’option d’achat afin d’en devenir propriétaire.

À quelle étape du processus d’acquisition vous situez-vous ?

J’habite dans les Jardins de Lily depuis juillet 2022. J’ai fait la connaissance des différents résidents, locataires ou propriétaires, puisqu’il y a des personnes qui ont mis en location leur logement. J’ai eu l’occasion de participer à « l’Ecole des propriétaires », organisée par COOPIMMO, qui nous a permis de nous imprégner des spécificités de fonctionnement de la résidence. Nous avons mis en place un groupe WhatsApp regroupant les habitants de la résidence. Nous y communiquons beaucoup.

Comment avez-vous découvert le projet et quel rôle a joué COOPIMMO dans votre acquisition ?

J’étais déjà propriétaire dans l’ancien et j’avais la volonté d’acquérir dans le neuf. Pour ne rien vous cacher, les tarifs étaient assez élevés au vu de ma situation de maman célibataire avec deux enfants. J’ai donc cherché des aides pour accéder à mes envies dans le neuf. Il y avait le BRS ou la location accession, qui correspondaient à ce que je cherchais. J’ai ensuite listé les organismes qui proposaient ce type de service. Je suis tombée sur COOPIMMO. J’ai regardé les programmes proposés et je suis entrée en contact avec la société de commercialisation.

Aujourd’hui, recommanderiez-vous ce type d’approche ?

Tout à fait, et ce pour deux raisons. D’abord il y a un véritable accompagnement. La responsable de relation client de COOPIMMO a été professionnelle du début à la fin, toujours à l’écoute pour répondre aux mails et aux appels téléphoniques. Même lorsque la réponse n’était pas immédiate, il y avait toujours un retour. Ensuite, c’est un mécanisme qui prévoit le droit à l’erreur. En y résidant, on peut se rendre compte qu’on n’apprécie pas la localité ou le type de logement. On peut alors revenir en arrière, ce qui est l’avantage important dans ce type de dispositif.

Quand vous avez présenté votre projet à votre banque, comment avez-vous été reçue ?

J’ai sollicité une courtière qui connaissait le dispositif. Elle m’a conseillé de ne pas faire de crédit tout de suite et d’attendre de vendre mon bien. Avec l’apport personnel, il est ainsi plus simple de faire le crédit complémentaire pour pouvoir acheter.

Cette période tampon de 24 mois m’a donc donné la possibilité de préparer mon financement en toute quiétude, grâce à la vente de mon bien initial. J’ai ainsi pu éviter d’avoir à contracter un prêt relais, qui aurait généré des frais complémentaires potentiellement élevés.

 

Faciliter le parcours résidentiel des habitants avec le BRS – Elianne Flamme, Directrice du service Habitat et Logements de Villiers-sur-Marne

Pouvez-vous nous parler des principaux projets d’accession sociale en cours sur la ville de
Villiers-sur-Marne ?

Ces deux dernières années, trois projets ont été réalisés et commercialisés avec COOPIMMO. Ils ont tous rencontré un vrai succès. Nos projets étaient jusqu’à présent commercialisés en PSLA, mais nous nous sommes rendus compte que le PSLA et les efforts faits par les collectivités territoriales et l’État en matière de fiscalisation ne profitaient qu’aux premiers acquéreurs et ne restaient pas durablement acquis. C’est pourquoi nous orientons, depuis 2 ans, tous nos programmes vers une accession sociale à la propriété bâtie sur le dispositif du BRS.

En novembre, nous avons lancé un projet de 7 logements avec COOPIMMO, et la Coop Foncière Francilienne pour la partie OFS.

Visiblement, la problématique de l’accession sociale est assez ancrée dans la vision de votre commune. Pourquoi en avoir fait une priorité sur votre territoire ?

Dès 2013, le PLU a institué une règle systématique : chaque programme immobilier dépassant les 7 logements neufs doit recevoir 15% de logements en accession sociale à la propriété. La part de ces logements peut même atteindre les 25% sur certains projets ! L’objectif du maire est vraiment de mettre en œuvre le parcours résidentiel des habitants. Sachant que les Villiérains et Villiéraines ne sont pas forcément les habitants du Val-de-Marne disposant du plus haut pouvoir d’achat, il a vraiment souhaité que l’accession sociale à la propriété soit au cœur de notre politique d’habitat. Nous avons d’ailleurs un important Quartier Politique de la Ville sur la commune, pour lequel nous avons une ambition et des besoins en matière d’accession sociale.

Constatez-vous un impact du BRS sur le prix du foncier ?

L’un des principaux effets du BRS est de pouvoir geler le prix du foncier pour les accédants. La première intention était vraiment de pouvoir fluidifier les parcours résidentiels, de permettre à des locataires éventuellement issus du parc social, mais essentiellement du parc libre, d’accéder à la propriété. Nous visions notamment la « décohabitation » des jeunes, puisque ces derniers sont souvent coincés chez leurs parents ou contraints de quitter le secteur pour s’installer, en raison du prix élevé du foncier. Le BRS nous a permis de proposer des logements en accession à la propriété à des tarifs intéressants.

Nous avons également une gare du Grand Paris sur notre commune et nous assistons à une envolée des prix du foncier, comme partout en petite couronne. Le montage d’un BRS avec un OFS permet de contenir les prix du foncier.

Selon vous, quel principe doit guider la mise en place des projets d’habitats sociaux ?

Nous inscrivons notre action dans la démarche d’intérêt général. Je ne vais pas dire que nous considérons le foncier comme un bien collectif mais, quand on travaille avec un OFS, nous n’en sommes pas loin. Nous avons vraiment le désir de fixer les habitants sur la commune. Nous nous sommes donc dotés d’un PLU qui va dans ce sens et avons adopté en 2021 une charte « Promoteurs », qui rappelle toutes les obligations en matière d’accession sociale à la propriété. Ce cahier des charges nous permet de défendre un discours commun pour l’ensemble des intervenants sur la commune.

Avez-vous fixé des niveaux de qualité attendus dans cette charte Promoteurs ?

Nous avons plusieurs parties dans cette charte. D’une part, nous fixons les prix de sortie pour l’accession sociale et le prix de la redevance. D’autre part, nous précisons les exigences en matière de chantier propre et de démarches liées à la qualité du bâtiment.

 Quel type de relation entretenez-vous avec une coopérative HLM comme COOPIMMO ?

COOPIMMO est un partenaire de notre politique, intervenant régulièrement sur la question de l’accession sociale à la propriété. Lorsqu’un projet rentre dans le cadre du BRS, nous fonctionnons sur la base d’une relation tripartite avec le promoteur et l’opérateur bailleur. Des réunions entre les acteurs du projet sont organisées très en amont des projets, afin de vérifier l’adéquation entre les besoins des habitants, les attentes de la ville et le projet immobilier envisagé, que ce soit en accession sociale, mais également en accession libre. La charte Promoteurs est signée à la fois par le promoteur mais aussi par l’opérateur bailleur, et par l’OFS lorsque nous effectuons des montages avec eux. Ce cadre nous permet de bien baliser le projet.

Généralement, COOPIMMO acquiert en VEFA les lots qu’il encadre. De leur côté, mes collègues du développement du territoire font la demande, en amont du dépôt de permis de construire, d’un pré-PC. Cette démarche nous permet de lever tous les freins et d’aller beaucoup plus vite pour l’instruction définitive du permis de construire. Nous pouvons ainsi nous assurer que les projets immobiliers soient bien conformes aux souhaits de la ville, qu’ils concernent les typologies d’habitations, les façades, le bien-être du logement, les équipements attendus, le nombre de places de stationnement…

Commercialiser des logements en accession sociale – CMK Commercialisation

Quelle est l’ADN de CMK commercialisation ?

Spécialisé depuis 17 ans en accession sociale à la propriété, CMK Commercialisation a pour objectif de vendre uniquement à des primo-accédants qui recherchent leur résidence principale. Les profils de ces acheteurs sont majoritairement issus du logement locatif, parfois social ou hébergé.

La vente aux promoteurs n’est pas mon cœur de métier, dans le sens où l’accession sociale suppose un accompagnement vraiment différent et supérieur, introuvable en accession privée. C’est l’ADN de CMK depuis l’origine. Nous ne commercialisons des logements que pour les coopératives HLM, comme COOPIMMO, ou à destination des bailleurs sociaux.

Quel est votre rôle dans une commercialisation de ce type ?

Dans l’accession sociale, ce sont l’étude financière et l’accompagnement du financement des acquéreurs qui font la différence. Cette observation est d’autant plus vraie aujourd’hui, alors que les taux d’intérêt augmentent fortement. Les acquéreurs finaux étant des personnes avec des revenus moyens, et non des professions libérales ou des cadres, ils doivent pouvoir être accompagnés, face à des montages financiers pas toujours simples. Nous avons besoin de vérifier que ces personnes soient finançables dès le départ, afin de ne pas les engager dans un processus d’achat au-dessus de leurs moyens. Nous n’engageons pas l’accédant à signer un contrat, puis à verser un dépôt de garantie, si nous savons dès le départ qu’il n’obtiendra que des refus de financement.

L’analyse des dossiers de candidature est donc essentielle ?

Elle l’est ! Les taux d’intérêt augmentent depuis un an et les banques sont extrêmement frileuses lorsqu’il s’agit de prêter à nos profils d’accédants à la propriété. Certains profils d’emprunteurs sont moins appréciés que d’autres en matière de financement, même lorsqu’ils disposent d’apports personnels.

Aujourd’hui, la recherche de financements pour les acquéreurs est le cœur de notre activité, en plus de la vente de logements, surtout en BRS. Or, très peu de banques font des offres de prêt en BRS donc c’est d’autant plus difficile pour nous de trouver les futurs propriétaires de nos opérations.

En conclusion, comment définiriez-vous une opération réussie d’accession à la propriété ?

Une opération réussie, c’est une opération où 100% des logements sont vendus ! Cela nécessite une construction bien encadrée, avec un suivi de chantier régulier et une date de livraison respectée. Elle implique aussi un suivi permanent des acquéreurs, qui doivent être tenus informés tout au long de la construction. Enfin, elle implique une bonne commercialisation, qui garantira l’occupation intégrale des logements construits.

Rencontre avec Samia Kasmi, adjointe au Maire de Nanterre en charge de l’habitat et du logement

Pouvez-vous nous expliquer le projet de la rue Philippe Triaire et ses enjeux à Nanterre ?

Nanterre est une commune qui a, dans ses engagements politiques, depuis de nombreuses années la volonté d’en faire une ville pour tous et pour toutes. C’était notre slogan de campagne pour le mandat 2020/2026, c’est notre action au jour le jour sur le terrain. Nous nous attachons à mettre en place une mixité sociale et d’usage sur le territoire. Nous essayons donc, dans le cadre d’un parcours résidentiel, de développer des produits accessibles à l’ensemble de notre population. Nous continuons bien sûr à produire du logement social, nous sommes à 56% de logements sociaux,  mais nous facilitons également l’accession à la propriété. Nous encadrons, grâce à divers dispositifs, l’accession à la propriété en maitrisant le foncier et les prix de sortie au m², afin de permettre aux Nanterriens qui le souhaitent et sous conditions de revenus en ce qui concerne l’accession sociale dite « encadrée », de devenir propriétaires de leurs logements. Le Bail Réel Solidaire (BRS) que nous avons utilisé sur le projet de la rue Philippe Triaire nous permet, en dissociant le foncier du bâti, de proposer des prix attractifs et, pour les habitants, d’accéder à des crédits à la propriété en phase avec leurs revenus. Le projet a connu un énorme succès puisque Coopimmo, réalisant le projet, a reçu 195 dossiers de candidature pour 14 appartements disponibles. Nous avons donc demandé à Coopimmo de procéder à un tirage au sort par voie d’huissier de justice par souci de transparence.

Comment la ville de Nanterre favorise-t-elle les projets d’accession sociale à la propriété ?

Nous avons une idée assez précise de ce que nous souhaitons favoriser sur notre territoire en matière de typologies de logements et des fonciers disponibles pour accueillir ce nouveau produit qu’est le BRS. Nous avons souhaité confier cette opération à une coopérative HLM, avec un cahier des charges très spécifique en lien avec notre charte qualité des constructions neuves. Nous souhaitons développer sur la ville des projets vertueux et qualitatifs et la recherche de partenaires fiables et sérieux pour mener à bien ces projets, qu’il s’agisse du promoteur (en l’occurrence Coopimmo pour ce projet rue Triaire) ou de l’organisme foncier solidaire, acteur nécessaire dans le cadre du BRS. Les services de la ville, qu’il s’agisse de l’habitat ou de l’urbanisme, collaborent de manière étroite avec les partenaires sélectionnés dans le cadre de tous les projets encadrés ou libres.

Après l’engouement pour le projet de la rue Philippe Triaire, d’autres projets identiques vont-ils voir le jour ?

Plusieurs projets sont en gestation ou en cours. Dans le quartier des Groues d’abord, au pied du quartier d’affaires de la Défense, qui accueille déjà un projet en BRS et un autre en habitat participatif. Des habitants se sont regroupés dans une coopérative et coconstruisent le projet avec le promoteur.

Nous avons ensuite un grand projet de renouvellement urbain sur le quartier dit du Parc Sud. Nanterre représente 100 000 habitants et autant d’emplois. C’est une aubaine d’avoir un immense quartier d’affaires aux frontières de notre ville. Nous travaillons en étroite collaboration pour créer une jonction, une passerelle naturelle entre les 2 espaces et prolonger ce quartier vers le centre d’affaires grâce à une couture urbaine optimisée.

D’autres projets sont en réflexion. Nous avons un territoire vaste sur lequel il reste beaucoup à faire, d’autant plus que nous venons de décider d’adhérer à la Coop Foncière Francilienne pour poursuivre le développement du BRS.

 

Rencontre avec Cussac Architectes et Associés, en charge du projet Canopia à Valenton

Comment conciliez-vous la conception de projets de qualité avec des contraintes programmatiques et budgétaires fortes ?

Nous nous attachons en premier lieu à la qualité de vie de l’habitant. La première des qualités pour nous c’est la qualité d’usage et d’habilité avec comme point de départ le plan masse et son organisation qui font que les logements vont être de qualité. Des logements qui vont être traversants, double orientation, sans vis-à-vis, bien isolés, avec un confort d’hiver et d’été bien pensé. Des logements agréables à vivre avant tout.

Pour le logement en accession les surfaces sont assez réduites en raison des problématiques de financement. Chaque mètre carré est précieux. Ça veut dire des pièces utilisables dans leur fonctionnement même. Un séjour ne doit pas être traversé pour aller dans la partie nuit par exemple.

Nous favorisons également, dans notre réflexion, les espaces extérieurs, balcons, loggias, terrasses ou jardins qui participent à cette qualité d’usage.

Ensuite seulement, vient la matérialité.

Qu’avez-vous voulu transcrire dans le projet Canopia ?

L’idée était de s’inscrire dans un site. Un site à proximité d’un groupe scolaire, d’un tissu pavillonnaire et d’un jardin public qui participent à la qualité de vie du quartier, aussi bien pour notre opération (avec des logements orientés et organisés sur le cœur d’îlot et les espaces verts de qualité), que pour les habitants présents et à venir. On ne construit pas un bout de ville sans ses habitants. Nous avons donc travaillé à faire accepter le projet dans sa globalité, dans sa volumétrie. Canopia est une réponse différente de ce qui a pu se faire précédemment sur le territoire, une écriture architecturale composée d’alignements, pour donner à voir le cœur d’ilot depuis l’espace public par des percées, des halls traversants ou des dénivelés créés par des terrasses ou des balcons par exemple.

Si vous deviez résumer en une idée ce qui doit guider les projets d’habitat ?

L’essentiel c’est l’espace. À la fois les espaces intérieurs et extérieurs. Mais quand on parle d’architecture, il s’agit d’un jeu de pleins, de vides, de volumes et d’articulation de l’ensemble dans un bilan économique. Car qui dit percées dit « manque à construire ». C’est l’équilibre entre une volumétrie globale, des intentions architecturales et les appartements les plus grands et fonctionnels possible.